Sauvez les OGM by Jean-Claude Jaillette

Auteur:Jean-Claude Jaillette [Jaillette, Jean-Claude]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Hachette Littératures
Publié: 2009-05-12T22:00:00+00:00

II

Vos corn flakes, vous les prendrez avec OGM

ou avec becquerels ?

Le pacte

Mai 2007. Nicolas Sarkozy vient d’être élu. Il n’imagine pas un instant rater la première initiative d’envergure du début du septennat. Au cours de la campagne présidentielle, il s’était engagé auprès de Nicolas Hulot sur la tenue d’une grande négociation qui mettrait autour d’une même table les militants, les petits, les sans-grade, comme les industriels et leurs représentants le Medef, ainsi que les agriculteurs. L’objectif, honorable au demeurant, était d’effacer l’image d’un pays à la traîne du reste de l’Europe dès qu’il s’agit d’écologie, pas même capable de voter une loi de coexistence entre les cultures OGM et non OGM, comme le réclamait la Commission européenne depuis plus de dix ans, ce qu’elle avait obtenu de tous les autres États membres. La proposition de Nicolas Hulot avait d’autant plus emballé le futur président qu’elle lui permettrait de ramener l’écologie dans son camp, alors qu’elle était accaparée jusqu’alors par la gauche. Belle opération pour inaugurer l’ouverture politique. À aucun prix, les associations conviées autour de la table du Grenelle ne devaient la quitter bruyamment en cours de route. La reconnaissance accordée enfin aux militants besogneux sous la forme d’une invitation dans les palais de la République ne suffit pas ? Des subventions supplémentaires seront accordées aux participants. Mieux, des promesses de nominations lucratives ont été faites à Sébastien Genest, président de la FNE (France nature environnement), qui, pour le gouvernement, a l’avantage de regrouper sous son aile un immense réseau de petites associations actives. Et tenues. C’est ainsi qu’une petite place lui a été trouvée au Conseil économique et social dès le début de l’année 2008, une fois acquis le succès de l’opération. Et, quelques mois plus tard, un siège lui a été offert au conseil d’administration de la SNCF. L’État sait récompenser la société civile.

Une fois la voie dégagée et les résistances anesthésiées, restait à mettre un marché dans la main des invités, et notamment de l’Alliance (regroupement des Amis de la Terre, de la FNE et du WWF), de la Fondation Nicolas Hulot et de Greenpeace. Si, politiquement, éviter les cris et les vagues avec les écolos est nécessaire, préserver et même développer l’économie est indispensable. Or ces diables d’écolos sont favorables à la décroissance, donc au ralentissement de l’économie, et sont tout autant antinucléaires. D’où l’idée d’un pacte : on parle de tout durant ce Grenelle, des autoroutes, des incinérateurs, des OGM, mais surtout pas du nucléaire. Pas question d’attenter aux projets de vendre des centrales nucléaires made in France à travers le monde. Business is business. Et d’ailleurs, tout compte fait, l’objectif du Grenelle n’est-il pas de trouver une nouvelle croissance économique dans l’écologie ? Ce fut si vrai que le Medef, l’organisation patronale, a mobilisé plus d’une centaine de conseillers pour investir les différentes commissions du Grenelle.

Une telle impasse, un tel silence se paient au prix fort. Sans détour, Nicolas Sarkozy a offert aux ONG la disparition du sol français des OGM culti vés. Dans la foulée, la loi tant attendue sera présentée au Parlement.

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